Comme d'habitude en montagne, lever matinal, il faut profiter du gel nocturne qui rend la neige dure et qui fige les pierres. Le passage du Grand Couloir s'effectue sans problème. Le matin, cette face de l'Aiguille du Goûter est dans l'ombre, par contre, l'après-midi, elle est en plein soleil et il peut y faire particulièrement chaud.
A l'approche du sommet, le refuge se distingue de plus en plus nettement avec sa couverture en tôles d'aluminium ; sur la fin, des câbles métalliques ancrés dans la roche facilitent et sécurisent la montée dans une pente qui se redresse davantage.
Mon intention était de faire le reste de l'ascension en 2 étapes : demain, monter jusqu'au Dôme du Goûter et y camper, et le surlendemain, atteindre le sommet. Denis me proposait d'ailleurs de monter ma tente jusqu'au Dôme. Mais j'apprend que les prévisions météo ne sont pas bonnes pour le surlendemain et Guy, le gardien du refuge, me conseille donc vivement de tenter le sommet directement le lendemain où l'on prévoit un grand beau temps. J'en parle à Denis et il accepte que je me joigne à eux. J'ai beaucoup de crainte car les ampoules que je n'ai pu soigner sont très douloureuses et me gènent considérablement, surtout en montée où la pression du talon sur la chaussure est maximale.
Question place dans le refuge, il n'y aura pas de problème grâce au désistement d'un groupe d'une vingtaine d'alpinistes ; on logera dans l'annexe du refuge.