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Vendredi 19 septembre 2003 : retour

Susanne me réveille à 7h25. Elle a décidé d'aller en car jusque Fisterra et retour dans la même journée. Je m'apprête à quitter Santiago. Petit déjeuner près de la cathédrale puis je rejoins la gare où se trouvent déjà d'autres pèlerins.

Départ du train à 8h04 à destination de Hendaye. La ligne unique est fort sinueuse, elle emprunte de nombreux tunnels et l'allure du train est assez lente mais c'est parfait pour admirer le paysage et tenter de reconnaître au passage quelques endroits qui jouxtent le chemin emprunté quelques jours auparavant. À partir de Ourense, la ligne électrifiée permet le remplacement de la loco diesel ; on quitte progressivement la région montagneuse avec une augmentation sensible de la vitesse.

L'arrivée à Hendaye est prévue à 20h58 mais à cause de nombreux ralentissements dans la dernière partie du trajet, le train n'arrive que vers 21h20. Depuis plus de 1 mois que l'on a marché tous les jours, il est assez pénible de devoir passer 12 heures d'affilée assis. L'envie de marcher encore est tenace.

Avant de quitter la gare, je fais l'acquisition des billets de TGV pour Bruxelles dont le départ le lendemain est à 10h. Puis je trouve un petit hôtel où passer la nuit.



Samedi 20 septembre 2003 : fin du voyage

Retour à la maison



TGV Hendaye-Bordeaux et Bordeaux-Bruxelles. Puis train Bruxelles-Liège, bus Liège-Esneux et pour finir, à pied depuis Esneux (Plateau) à Fontin, mon village où j'arrive vers 0h30 dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 septembre.


En résumé:

33 jours de marche, 780 km.

Les motivations pour faire ce chemin sont nombreuses. A celle essentiellement religieuse des premiers pèlerins, les chemins sont de nos jours parcourus pour des raisons diverses.

Personnellement, c'était surtout mon désir de marcher qui m'a poussé à effectuer ce chemin. En 1993, après une opération d'une hanche (prothèse totale), j'ai retrouvé cette mobilité sans douleur qui m'avait de plus en plus manquée pendant près de 10 ans. J'ai donc (re)découvert le plaisir de la marche. J'ai été pensionné en août 2003. Je disposais donc de tout le temps nécessaire pour accomplir ce chemin et je suis parti.

L'idée de faire ce chemin trottait dans ma tête déjà depuis plusieurs années. Elle m'était venue à la lecture du roman de Henri Vincenot "Les étoiles de Compostelle". Si vous ne connaissez pas ce livre, je vous le recommande. Henri Vincenot est un romancier morvandiau que j'apprécie beaucoup.

Je suis donc parti, seul, sans aucune motivation religieuse, et ce chemin n'a pas modifié mes convictions. Mon objectif était essentiellement de marcher vers un but précis et qui donnait un sens concret à la marche quotidienne. Ce que j'ai surtout aprécié lors de cette randonnée, ce sont les contacts qui se sont réalisés, dès le premier jour déjà, à la sortie même de St Jean Pied de Port, puis tout au long du chemin.

Les jours se suivaient mais ne se ressemblaient pas toujours ; certains étaient faciles, les kilomètres se succédaient facilement. D'autres, surtout si la nuit avait été mauvaise, étaient pénibles quand la chaleur était de la partie (août-septembre 2003 !)

Souvent j'ai marché seul et j'ai aimé ces moments de solitude où les pensées vagabondaient au long des chemins rectilignes et sans fin de la meseta, ou au contraire se faisaient presqu'absentes dans le rude sentier qui, depuis Herrerias, montait vers O Cebreiro.

Il reste de ce voyage les nombreux et excellents moments de solitude et d'efforts, de rencontres et d'amitiés nouées au fil des kilomètres, du calme et de la sérénité partagés aux moments de repos, le souvenir de lieux magnifiques rencontrés tout au long du chemin, la découverte de nombreux édifices romans, l'amabilité de villageois qui, avec un aimable sourire, vous indiquaient le bon chemin lorsque la signalisation était parfois un peu confuse.

Depuis, l'envie de reparcourir ces chemins est omniprésente. C'est une expérience inoubliable. Faire partager les sentiments ressentis n'est pas chose aisée. Il faut avoir marché pour savoir. Je citerai ici Henri Vincenot, le Prophète disant à Jehan : "Marche, marche, tu verras !"

C'est sûr qu'un jour je repartirai.




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